jean-Michel Lemétayer est préoccupé par la faiblesse du débat actuel sur l’avenir de l’agriculture.
Qu’attendez-vous de la présidence française de l’UE ?
Jean-Michel Lemétayer : Nous invitons le président Sarkoy à mettre sur pied une conférence des chefs d’État et de gouvernement sur l’ambition agricole et agroalimentaire de l’Europe. Avant de penser à 2013, il serait opportun qu’il y ait un vrai débat de fond sur les objectifs de la politique agricole. La réponse ne peut venir que des chefs d’État et de gouvernement.
Avez-vous déjà pris des contacts pour l’organisation d’une telle conférence ?
C’est tout à fait jouable à l’automne. Il y a un piège terrible qui nous attend. Si, au plus haut niveau, on ne fixe pas le cap, je crains le pire, et le pire c’est qu’une nouvelle fois on ajuste la Pac pour 2 013 par le biais du débat budgétaire de 2010.
Quelle est la proposition du bilan de santé de la Pac que vous rejetez d’emblée ?
Sur le fond c’est le quasi-démantèlement de tout mécanisme de gestion de marché. Et puis il y a la modulation.
Dans certains cas, le bilan de santé va trop loin ; il aurait fallu une évaluation. Sur le découplage, la France est en décalage par rapport à la majorité des pays. La mise en œuvre du bilan de santé en France pose plus de questions que dans beaucoup d’autres pays. Découpler peut amener à l’abandon partiel de certaines productions.
Et, si on n’y prend pas garde, l’Europe sera très performante sur certaines productions et deviendra dépendante et de plus en plus importatrice sur d’autres. C’est un choix stratégique.
Et les quotas laitiers ?
Sur les quotas laitiers, il n’y a pas unanimité au Copa. On est vraiment dans le brouillard le plus complet. Le chahut sur le prix du lait, c’est les prémices d’événements sévères dans le cas de forte volatilité des prix.
Si les prix venaient à replonger aux niveaux les plus bas qu’on a connus il y a deux ou trois ans, ça va faire du bruit dans les campagnes compte tenu de l’augmentation des charges. Il va falloir que la politique européenne permette à l’agriculture de s’adapter à une énergie chère. Si on revient aux prix d’il y a deux ou trois ans, il y aura le feu dans les campagnes.